Comment reconnaître les différentes attaques du bois
Différents parasites peuvent attaquer le bois présent dans les meubles mais aussi les bâtiments : les champignons, les insectes xylophages et certains insectes nidificateurs. Si certains parasites sont connus du grand public comme le termite ou le mérule, d’autres le sont beaucoup moins. Il est donc important de reconnaitre les types de dégradations du bois et leur origine afin de les traiter au plus vite car les conséquences sur une charpente peuvent être importantes.
Vous retrouverez dans ce dossier tous les éléments pour effectuer rapidement un diagnostic des dégâts observés, trouver leur origine et les traitements adaptés à chaque situation.
Comment reconnaitre les dégradations et les parasites du bois ?
Quelles sont les différentes attaques du bois : le diagnostic
Les attaques du bois prennent diverses formes selon leur origine. Celles-ci peuvent être des galeries, des sciures, des copeaux ou encore la désagrégation du bois. Reconnaitre le type de dégradations permet généralement de connaitre le parasite qui en est à l’origine et ainsi s’adapter au traitement curatif. Cependant, il faut dans certains cas sonder le bois pour savoir s’il est infesté ou non. En cas de doute, il convient donc de faire appel à un professionnel.
Voici les différents types de dégradations que l’on peut observer :
Les filaments
Les filament de couleur blanc ou brun. C’est le signe de présence du Mérule. Le bois attaqué prend une couleur jaune puis brune. Les fibres du bois perdent leur résistance et au dernier stade, le bois s’effrite et se réduit en poudre.
C’est le mycelium ou les spores du champignon qui permettent au mérule de se propager. Ils peuvent traverser facilement murs et rues pour se propager à des habitations voisines mêmes peu humides car le mérule à la propriété de se créer sa propre atmosphère humide.
Les galeries
Ce sont des tunnels creusés par les insectes xylophages ou nidificateurs. Ces galeries sont soit creusées par les larves (Capricorne, Lyctus, Vrillette) qui se nourrissent du bois, soit par les insectes eux-mêmes qui s’en nourrissent également (Termites) ou qui l’éjecte pour y créer leur nid (Fourmi charpentière).
Il est possible de reconnaitre les parasites par la taille et la forme des galeries et de leur orifice d’envol ainsi que de l’aspect de la vermoulure. L’orifice d’envol est le trou que l’on peut voir à la surface du bois et qui indique la sortie de l’animal.
La vermoulure est le dépôt farineux jaunâtre qui s’échappe du bois, mélange de sciure et de déjection larvaire.
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Trous de sortie ovales de 5 à 10 mm :
Ils ont été creusé par le Capricorne des maisons. Les galeries de cet insecte xylophage sont remplies de farine de bois, de sciure.
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Trous de sortie circulaires de 1 à 4 mm :
Ce sont le Lyctus et la Vrillette qui peuvent être à l’origine de ces galeries creusées parallèlement au fil du bois. Les orifices d’envol sont généralement plus larges chez la Vrillette. Cette dernière laisse des vermoulures granuleuses, tandis que le Lyctus, des petits cônes de vermoulure très fine.
Les cordonnets termite
Comme son nom l’indique, ces tunnels soulevés de terre sont l’œuvre des termites. Ces tunnels servent à ravitailler la colonie et ne sont pas visibles à l’œil nu à part en cas de forte dégradation du bois. Il faut ainsi sonder le bois en le poinçonnant. Ces cordonnets ont l’apparence de fines lamelles de bois.
Les attaques de bois peuvent être faites dans différentes essences, à l’intérieur comme à l’extérieur, dans des éléments structurant de la maison comme la charpente ou encore sur les menuiseries ou les planchers. Chaque parasite possède son bois de prédilection et un environnement qui lui est propre : bois humide et désagrégé, bois sain, aubier du bois, etc.
Par exemple, le bois humide attire le Mérule, le termite ou la Vrillette. Termites et Mérules s’attaquent à toutes les essences, tandis que les résineux sont préférés par les Capricornes, Vrillette et fourmi charpentière, le Lyctus préférant les feuillis et les bois tropicaux.
Quels sont les parasites à l’origine des dégradations ?
Tous les parasites ne vont pas attaquer le bois de la même manière. Parmi les insectes xylophages ou « qui mangent le bois », la plupart des attaques proviennent des larves (Capricorne, Lyctus, Vrillette) sauf avec le termite qui se nourrit de bois adulte. D’autres insectes appelés nidificateurs recherchent du bois tendre pour y installer leur nid. Enfin, un champignon, le Mérule, se développe en se nourrissant de bois humide.
Dico Casto : qu’est-ce qu’un xylophage ?
Xylophage indique les organismes vivants se nourrissant du bois comme les termites, les larves d’insectes ou encore les champignons.
Voici en détail les principaux parasites que l’on retrouve en France :
Le Mérule
Le Mérule est un nom générique désignant plusieurs espèces de champignons lignivores (« qui se nourrissent du bois »). Il se développe dans les endroits humides (un support ayant entre 20% et 40% de taux d’humidité) et sombres et attaque le bois, en particulier les résineux.
Le Mérule se développe rapidement et peut s’infiltrer dans les maçonneries, attaquant ainsi toutes les boiseries de la maison. Dans la première phase, le Mérule prend une couleur orangée, devient très humide pour se transformer en filaments dans sa dernière phase et fait perdre ses capacités mécaniques au bois.
Surtout présent dans l’Ouest et le Nord de la France, le Mérule se plait dans les logements mal aérés, humides et avec forte présence de bois.
Le mérule peut se mettre en latence, c’est-à-dire stopper sa croissance jusqu’à ce que les bonnes conditions reviennent.
Le Termite
Certainement le plus connu des insectes attaquant le bois, le termite est un insecte de l’ordre des isoptères. Il a la particularité de s’attaquer à toutes les essences de bois et ses colonies sont très présentes en France (surtout dans la moitié Sud-Est / Nord-Ouest). C’est d’ailleurs le parasite qui fait le plus de dégâts dans nos habitations.
Parfois appelé fourmi blanche par sa ressemblance, le termite se reconnait par ses longues ailes. Plusieurs espèces co-existent.
Attaquant le bois et le papier, il se nourrit principalement de cellulose et recherche l’humidité. Présent dans la charpente, les parquets ou les meubles en bois, il peut rapidement détruire la charpente d’une maison. Un diagnostic termites est donc indispensable avant d’acheter un bien.
Il convient d’ailleurs de faire appel à un expert pour toute suspicion de sa présence car il est très difficile de les détecter. En effet, les termites creusent des galeries et détruisent le bois de l’intérieur. On peut cependant reconnaitre leur présence grâce à quelques signes :
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Les « cordonnets termites » qui sont des tunnels que l’on trouve à la surface du bois dans le sens du fil du bois.
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Une présence de sciure près de fissures dans le bois.
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Une présence d’excréments en forme de petites pastilles.
Les ILX ou Insectes à Larves Xylophages
Ce sont des insectes qui pondent des œufs à l’intérieur du bois et dont les larves vont se nourrir en creusant des galeries jusqu’à leur transformation en nymphe puis en adulte. A ce dernier stade, l’insecte va percer un orifice dans le bois (orifice d’envoi) afin de sortir. Les ILX les plus connus et présents en France sont le Capricorne des maisons, la Vrillette (petite et grosse) et le Lyctus.
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Le Capricorne des maisons
La larve du Capricorne s’attaque principalement à la partie tendre (aubier) des résineux présents dans la charpente, les planchers et les menuiseries des maisons. L’insecte adulte mesure 1 à 2 cm et est de couleur noire. C’est l’insecte à larve xylophage qui creuse les plus grosses galeries. On les reconnait par la forme ovale des trous de sortie de 6 à 10 mm. Les vermoulures ressemblent à des cylindres de sciure (farine de bois). Les larves se développent pendant 3 à 5 ans et peuvent détruire le bois avant que l’on puisse s’en apercevoir.
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La Vrillette
On retrouve deux types de ces coléoptères dans nos maisons : la petite Vrillette et la grosse Vrillette. Cet insecte s’attaque exclusivement aux bois feuillus et résineux, notamment ceux ayant déjà subi une dégradation par un champignon à cause de l’humidité trop élevé du bois. L’insecte adulte mesure entre 3 et 5 mm.
Sa présence est reconnaissable grâce aux trous de sorties (et galeries) de forme circulaire et 1 à 3 mm pour la petite Vrillette et de 2 à 4 mm pour la grosse Vrillette. Les vermoulures sont laissées à la surface du bois et ont un aspect granuleux et une forme de pastille.
Le cycle larvaire est long, en moyenne 4 à 5 ans. Il est possible d’entendre les Vrillettes qui génèrent un bruit sourd dans les charpentes. Les dégâts causés par la Vrillette sont moindres qu’avec le Capricorne mais peuvent s’avérer importants si plusieurs générations ont élu domicile dans le bois.
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Le Lyctus
Le Lyctus est un coléoptère qui s’attaque aux meubles, aux menuiseries et aux parquets fabriqués dans les bois feuillus, voire tropicaux riches en amidon. Le chêne, le châtaignier et le frêne sont ainsi particulièrement appréciés de l’insecte. Ils préfèrent la partie tendre (aubier) du bois et s’attaquent au bois les premières années d’utilisation car l’amidon disparait progressivement.
On retrouve ses larves dans les menuiseries intérieures et extérieures, les meubles. Comme la Vrillette, la larve creuse des galeries dans le fil du bois dont le trou d’envol et les galeries possèdent une forme circulaire. Cependant, la taille de sortie du bois est moindre avec 1 à 2 mm. Leurs vermoulures sont des petits cônes à l’aspect de sciure très fine.
La fourmi charpentière
Cette espèce de fourmi a la particularité de s’attaquer au bois pour y nicher son nid. La fourmi charpentière creuse de longues galeries en éjectant le bois qui prend la forme de copeaux, de sciures filamenteuses.
Elle n’ingère donc pas le bois comme le termite avec qui on peut la confondre, bien que les fourmis se déplacent à la surface du bois ou au sol, contrairement aux termites. Leur bois de prédilection est humide, voire en décomposition.
Reconnaitre les parasites du bois
Que faire en cas d’infestation ?
Vous avez détecté la présence de mérule, d’insecte à larve xylophage ou nidificateur ? Si la présence de parasites dans le bois des meubles semble inoffensive, il n’en est pas de même pour tout élément structurant d’une maison. Aussi, il est toujours conseillé de faire appel à un expert afin qu’il pose un diagnostic clair de l’état de dégradation des infrastructures. Selon son expertise, vous pourrez être amené à réaliser un traitement curatif ou préventif ou faire appel à une société spécialisée dans le traitement du bois et l’éradication des parasites.
Le cas particulier des termites
Les termites font l’objet d’obligations spécifiques. Il existe ainsi un zonage départemental dont les départements font l’objet d’un arrêté préfectoral indiquant les départements à risque.
En cas de découverte de termites dans un logement, l’occupant doit le déclarer par lettre recommandée à la mairie.
En cas de vente, le vendeur doit produire un état des lieux indiquant la présence ou non de termites.
L’acquéreur peut ainsi s’y référer car ce document est obligatoirement annexé à la promesse de vente ou le cas échéant à l’acte authentique de vente. Valable 6 mois, il doit être produit par un expert accrédité.
Il est fortement recommandé aux propriétaires dont les logements ne sont pas infestés de prévenir les risques, notamment en évitant les sources d’humidité dans le logement.
Le cas particulier du Mérule
Dans la plupart des cas, la présence de Mérule est détectée lors de travaux de réhabilitation. Il est donc fortement conseillé aux nouveaux propriétaires d’être attentif à toute trace de sa présence.
Les occupants d’un foyer infesté ont l’obligation de le déclarer en mairie. En cas de vente, seuls les propriétaires de biens situés dans les zones délimitées par un arrêté préfectoral ont l’obligation de fournir un document annexé à la promesse de vente ou le cas échéant à l’acte authentique de vente.
Concernant l’ensemble des parasites, il existe des obligations concernant les matériaux de construction. Les textes réglementaires indiquent l’obligation de protection des bois, des interfaces sol/bâtiment contre les termites ou encore la fourniture au maître d’ouvrage d’une notice technique indiquant les protections mises en place.
Il existe des aides financières permettant de réaliser des audits techniques ou de mettre en œuvre des traitements préventifs ou curatifs contre les termites et les insectes xylophages. Pour toute demande de subvention, il faut contacter l’ANAH, Agence nationale de l’habitat.
Quels traitements mettre en œuvre ?
Avant de mettre en œuvre des traitements, il est important de veiller aux bonnes conditions de salubrités du logement. Ainsi toutes sources d’humidité comme les infiltrations d’eau devront être rapidement traitées. Le manque d’entretien d’un bâtiment et de ses extérieurs peuvent favoriser l’humidité. Il est aussi conseillé de ne pas stocker de bois et de végétaux contre les façades.
La prévention
La meilleure manière de prévenir les attaques, c’est de faire un état des lieux des endroits à risque de votre logement. Vous pouvez ainsi lister toutes les zones contenant du bois pour ensuite les sonder avec un tournevis et vérifier qu’il n’est pas creux. Vérifiez les huisseries, les planchers, la charpente, les escaliers, les portes, les clôtures, les meubles, etc. Vérifiez également toutes traces d’attaque telles que trous, présence de sciure, porosité ou friabilité du bois, humidité, couleur particulière. L’état des lieux effectué, vous pouvez mettre en œuvre des traitements préventifs ou curatifs.
Il est fortement conseillé de demander l’avis d’un expert pour l’identification et le traitement des parasites.
Les traitements préventifs peuvent être réalisés avec un produit préventif à base de xylophène. Il convient ici de protéger le bois en prévention d’une infestation d’insectes xylophages. Si les nouvelles charpentes sont obligatoirement traitées, il est indispensable de renouveler l’opération tous les 10 ans.
Les traitements curatifs peuvent être de deux types :
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Le bûchage et la pulvérisation : ce traitement consiste à supprimer les bois infestés et traiter les parties saines par pulvérisation ou badigeon.
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L’injection : plus radicale, elle consiste à percer des trous dans le bois pour y injecter le produit